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Environnement

Réchauffement climatique : Années 2020, années de catastrophes naturelles

auteurPatrick Cros | Lundi 30 décembre 2024 | 17:36
En 2024, les catastrophes naturelles se sont multipliées, de Valence en Espagne à Mayotte en France. Un rapport de l’agence européenne pour l’environnement relève 36 risques climatiques majeurs qui risquent d’obérer notre avenir.

Le réchauffement climatique observé depuis les 50 dernières années en majeure partie imputable à l'activité humaine, fait consensus au sein de la communauté scientifique, s’appuyant sur les travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Ce réchauffement, inédit par sa rapidité, menace l'avenir de nos sociétés et la biodiversité. Les événements climatiques extrêmes, à considérer la seule 2024 montrent l'impact croissant du changement climatique, avec des phénomènes météorologiques d'une intensité inédite, causant des pertes humaines et matérielles importantes. Février 2024 a été le mois de février le plus chaud jamais enregistré au niveau mondial, la température moyenne de la surface de la mer a atteint un record de 21,06 °C, avec une température moyenne de 13,5 °C, battant le précédent record de 2016.

Des catastrophes planétaires. En avril, l'Asie a subi une vague de chaleur qui a causé des morts par insolation et des fermetures d'écoles, tandis qu'en mai, un glissement de terrain en Chine, a tué 48 personnes. Au Brésil, des inondations dévastatrices ont fait 157 morts, et au Canada, une combinaison de chaleur et de sécheresse a déclenché des incendies incontrôlables. L'ouragan Beryl, a causé des dizaines de morts dans les Caraïbes et aux États-Unis. En Californie les températures ont grimpé à 53,3 °C. Au Kenya, des inondations exacerbées par El Niño ont tué 210 personnes, tandis que des pluies diluviennes ont provoqué 24 morts dans la péninsule arabique. Lors du pèlerinage à la Mecque, les 51,8 degrés enregistrés ont causé 27 000 cas « d’épuisement dus à la chaleur » 3,5 millions d'hectares de forêt ont brûlé en Sibérie et dans l'Extrême-Orient, et une canicule a touché l'Europe centrale et méridionale, avec des températures proches de 40 °C. La Grande Barrière de corail australienne subit son septième blanchissement massif depuis 1998. L'Arctique, se réchauffant quatre fois plus vite que le reste du globe, voit ses épinettes blanches s'étendre dans la toundra, contribuant potentiellement à un réchauffement accéléré. En février 2024, la température moyenne de la surface de la mer a atteint un record de 21,06 °C, et ce mois a été le plus chaud jamais enregistré mondialement, avec une température moyenne de 13,5 °C, battant le précédent record de 2016.

Et l’Europe. L'Europe n’échappe en rien au phénomène. Une canicule a touché l'Europe centrale et méridionale, avec des températures proches de 40 °C. Le vieux continent se réchauffe ainsi deux fois plus vite que la moyenne mondiale depuis les années 1980. C'est le continent qui s'est réchauffé le plus rapidement ces quarante dernières années, selon l'Agence européenne pour l'environnement (AEE). Elle a enregistré des températures 3,3 °C au-dessus de la moyenne, avec un pic de 27 °C en France. Les douze derniers mois ont marqué la température moyenne mondiale la plus élevée jamais enregistrée, dépassant de 1,56 °C la moyenne préindustrielle alors que l’Union s’est engagée à la COP 21 de Paris à limiter l’élévation des températures à 1,5°C. Lors de la présentation le 11 mars de son premier rapport sur l'évaluation des risques climatiques en Europe, l'AEE a tenté d’alerter : « La chaleur extrême, la sécheresse, les incendies de forêt et les inondations que nous avons connus ces dernières années en Europe vont s'aggraver, y compris dans les scénarios optimistes du réchauffement climatique ».

36 risques climatiques majeurs. « Ces événements représentent la nouvelle norme », a insisté la directrice de l'AEE, Leena Ylä-Mononen. L'étude répertorie 36 risques climatiques majeurs pour l'Europe. 21 d'entre eux nécessitent plus d'action immédiate, et 8 une réponse en urgence. Au premier rang d'entre eux, les risques liés aux écosystèmes, principalement marins et côtiers. Par exemple, les effets combinés des vagues de chaleur marine, de l'acidification et de l'appauvrissement en oxygène des mers et d'autres facteurs liés à l'activité humaine (pollution, pêche...) menacent le fonctionnement des écosystèmes marins ; selon le rapport : "Il peut en résulter une perte substantielle de la biodiversité, y compris des événements de mortalité massive". Autre risque majeur, les vagues de chaleur.

Alors que la commission environnement du Parlement européen n’est pas encore en place, son rôle sera essentiel pour l’avenir. En février, dans le cadre du « Green Deal », elle avait réussi à faire voter à l’arrachée un texte réglementant la restauration de la nature, après une campagne de désinformation sans précédent des climatosceptiques. En France, dans son rapport 2024, le Haut Conseil pour le climat (voir ci-contre) insiste aussi sur l’adaptation au changement climatique et sur la nécessaire protection des populations les plus vulnérables, notamment les habitants des régions soumises à des inondations récurrentes ou, comme dans les Pyrénées-Orientales, des sécheresses historiques, les plus sévères depuis les premiers enregistrements qui datent de 1959.